Nassira et les dégénérés
chronique

Nassira et les dégénérés

"Pays de racistes dégénérés. Il n'y a pas d'autres mots. La honte" a écrit sur X notre animatrice Nassira El Moaddem, le 30 avril. Pour une histoire de lutte contre le ports des collants et des casques, dans le foot amateur au nom de la laïcité, histoire que je maitrise mal, mais ce n'est pas le sujet.

Pour ce tweet, Nassira a été violemment attaquée sur le plateau de Jean-Marc Morandini (CNews). "Si elle est pas contente, elle se casse" a lancé le député RN de l'Yonne Julien Odoul, demandant à Radio France de suspendre Nassira de son émission estivale de France Inter, "parce que cette dame est payée avec l'argent des Français". "Elle est française", précise alors Morandini, non pas pour signifier que Nassira est en France chez elle, mais plutôt sur le ton de la circonstance accablante. Sommé de condamner le tweet de Nassira, le rappeur Rost, invité régulier de Morandini comme punching ball de service des identitaires, a résisté, sous les injonctions hurlées de l'animateur (désolé pour le lien vers ce cloaque, on ne m'y reprendra plus). "Ces gens-là ne se sentent pas français, il n'y a aucune gratitude vernaculaire à l'égard de tout ce que la France a offert à cette Madame El Moaddem" a renchéri le lendemain, sur le plateau de Pascal Praud, "l'essayiste" Sabrina Medjebeur, autrice d'un essai édité "à compte participatif".

"Si elle est pas contente elle se casse" : c'est exactement le slogan du Front National de la Jeunesse à l'époque de Le Pen père, avec lequel Marine Le Pen et Jordan Bardella, s'épuisent à rompre sans manifestement y arriver, "La France, tu l'aimes ou tu la quittes".

Comme l'écrit Nassira elle-même"Julien Odoul,  député RN, qui sera jugé dès septembre 2024 avec Marine Le Pen pour détournement de fonds publics européens, me demande de quitter la France, sur le plateau de Jean-Marc Morandini condamné pour harcèlement sexuel et corruption sexuelle de mineurs".

En soutien de Nassira, Paul Aveline, notre rédacteur en chef, écrit ici ce qu'il faut écrire. Si Nassira (née en 1984 à Romorantin-Lanthenay, Loir-et-Cher, comme elle le raconte dans son très beau livre Les filles de Romorantin), ne s'appelait pas Nassira, personne n'aurait lancé "qu'elle se casse". Quand Renaud Séchan, en 1975, chantait Hexagone, long cri de haine contre une certaine France rance, raciste et pétainiste, et certainement un peu dégénérée, personne ne lui a intimé de se casser. Il ne s'appelait pas El Moaddem. 

Le blog Obsessions est publié sous la seule responsabilité de Daniel Schneidermann, sans relecture préalable de la rédaction en chef d'Arrêt sur images.

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